Chanté par Fatiha, Messaad, Amina et Fatiha Tifour.
Collectée par Maëllis Daubercies en septembre 2020 à Villefranche-sur-Saône.
Dans le cadre du projet Chorale Intergalactique.
C’est par Houda Benmoumene, référente parentalité du CIAS de Villefranche, que nous rencontrons quatre sœurs : Messad, Amina, Myriam et Fatiha qui habitent toutes Belleroche. Pendant les enregistrements les rires fusent, les boutades aussi, on parle des enfants, de la famille et de l'école. Les sœurs se chamaillent pour savoir quoi chanter, elles cherchent des paroles. Elles racontent leurs souvenirs d’été quand elles étaient enfants et qu'elles retournaient en Algérie : elles partaient avant la fin de l’école et revenaient après la rentrée "On a découvert la rentrée avec nos enfants !" racontent-elles en riant. Elles parlent des convois de plusieurs voitures pour descendre jusqu’à Taguine, des voyages qui duraient plusieurs jours.
Les quatre sœurs chantent le début de Ya Lalla Ya Turkiyya, en arabe du Maghreb. Cette chanson a été interprétée entre autre par Cheba Zahouania, chanteuse algérienne de raï entre les années 1980 et 2000 et Cheb Amar.
Le raï est un genre issu des musiques traditionnelles de l’ouest oranais au début du XXème siècle. Il a connu de nombreuses modernisation et intègre synthétiseurs et boîtes à rythmes dans les années 80. Comme d’autres chanteuses de raï, Cheba Zahouania a commencé à chanter dans les Medahates (des ensembles vocaux féminins algériens qui animent les fêtes familiales) pour ensuite connaître un succès international.
La chanson serait issue d’une légende algérienne : elle raconte l’histoire d'une sainte, Lala Torkia, qui peut aider les femmes à procréer. C’est quelqu’un qu’on appelle en aide lorsqu'on souhaite avoir des enfants.
Translittération
Ya lâlla wyâ Turkiyyâ wanâ sma‘t l-bandîr
La saḥḥa lâ dhurriyyâ wat‘âwnînî balkhîr
Ya lâlla wyâ Turkiyyâ wanâ sma‘t l-bandîr
La saḥḥa lâ dhurriyyâ wat‘âwnînî balkhîr
Ṭallît man râs lkâf wlqît ḥawch l-jîrân
Wlqît ḥbîbî ‘assâs wmrâfqah Torkiyyâ
Ya lâlla wyâ Turkiyyâ wanâ sma‘t l-bandîr
La saḥḥa lâ dhurriyyâ wat‘âwnînî balkhîr
Ya lâlla wyâ Turkiyyâ wanâ sma‘t l-bandîr
La saḥḥa lâ dhurriyyâ wat‘âwnînî balkhîr
Traduction
Refrain :
Ô dame turque ! J’ai entendu le son du bendîr
Je n’ai ni santé ni descendance, peux-tu m’accorder ta bienfaisance ?
Penché à l’entrée de la taverne, j’ai vu la cour des voisins
Et j’ai vu mon amour à l’affût, accompagné d’une Turque
Ô dame turque ! J’ai entendu le son du bendîr
Je n’ai ni santé ni descendance, peux-tu m’accorder ta bienfaisance ?
Notes :
- Le bendir est un tambourin utilisé dans le monde arabe, notamment au Maghreb.
- Dans la version enregistrée des trois sœurs, il y a une variante autre que celle qu’on entend habituellement comme dans la version de Cheb Amar. Les sœurs chantent :
Hier, j’ai vu ma mère dans le rêve me fixer prudemment
Ô dame turque ! J’ai entendu le son du bendîr
Merci à Mohammed El Amraoui pour la traduction, la translittération, la rédaction de la chanson en arabe et les notes.